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La Cité Soleil

                    L’Ecole Mixte Saint-Alphonse est située dans la Cité Soleil, quartier défavorisé situé à 3 kilomètres au Nord de Port-au-Prince.

           Ces terrains, originellement appelés La Saline en prolongement de La Saline actuelle, plantés d’hectares de champs de cannes à sucre, ont d’abord accueillis en 1963 des travailleurs de l’ancienne compagnie HASCO. Puis, dans les années 60 et 70, des incendies majeurs à la Saline ont déplacé des familles vers cette zone. Ces quartiers, appelés Cité Simone, en hommage à l’épouse de François Duvalier se sont développés de façon accélérée et anarchique jusque dans les années 80, s’avançant jusqu’en bord de mer. Les quartiers construits au bord de la route nationale N1, en bordure d’une zone industrielle, abritaient des militaires et miliciens du régime et une main d’œuvre de proximité, sans aucun droit, mal payée et en nombre de plus en plus imposant au fil du temps et au fil de l’augmentation de la misère rurale. Les politiques économiques et la dégradation de l'environnement ont contraint des centaines de milliers de familles rurales haïtiennes à un exode massif des campagnes. La plupart de ces familles se sont rendues à Port-au-Prince pour chercher du travail, et parmi ces familles, beaucoup ont fini par s'installer à Cité Soleil, où l'accès au logement bon marché et aux emplois d'usine était le plus facile.

         L’Etat ne montrait cependant guère d’empressement à construire des infrastructures et à fournir des services sociaux. C’est en janvier 1983 que la petite école créée par Denis Puthiot, de concert avec le pasteur Justin, s’appellera l’Ecole Mixte Saint-Alphonse sur la proposition des pères salésiens, et bénéficie du programme des  « petites écoles » du père Bohnen.

            En février 1986, au départ de Jean Claude Duvalier, la Cité est rebaptisée Cité Soleil en mémoire à la Radio Soleil qui a grandement participé au soulèvement populaire aboutissant à la fin du régime des Duvalier. Le 30 septembre 1991, le rêve des habitants de Cité Soleil vira au cauchemar. Pour avoir soutenu à bout de bras l’ascension du président Jean-Bertrand Aristide, cette population a connu des moments difficiles : viols des femmes et des filles, exécutions sommaires, emprisonnements, tortures, persécutions des activistes … Pourtant, Cité Soleil persécutée par le  FRAPH et les militaires de Raoul Cédras et de Michel François a aussi résisté et a même osé manifester sa colère et son support au président Aristide en plein coup d’état… Après le départ de celui-ci en exil en 2004, les chimères et autres groupes armés commettent des exactions de toutes sortes : vols, viols, extorsions, kidnappings, meurtres. Chaque groupe contrôle son territoire et emploie les moyens les plus violents pour le protéger. Ils font la loi et terrorisent la population. À cause de la pauvreté abjecte, du chômage endémique et de l’exclusion sociale, Cité soleil est devenue un terrain propice au développement de la violence politique et des conflits entre bandes armées et demeure une zone à risque où dort une explosion de révolte de sa population.

                 En juin 2002, soit près de 40 ans après sa naissance, Cité Soleil a été élevée au rang de commune. Elle est composée de 34 quartiers. De nombreuses ONG investissent la Cité Soleil avec des programmes  de développement communautaire, sans vraiment de résultats visibles.

           Entre 2013 et 2015, les violences entre bandes armées ont éclaboussé la réputation de la commune. En 2016, une paix apparente revient au sein de la cité. Depuis, Cité soleil ne cesse d’être la convoitise des politiciens et devient un terrain propice au développement de la violence politique et des conflits entre bandes armées.

                      Environnement socio sanitaire

              Cité soleil est le bidonville le plus peuplé de l’arrondissement de Port-au-Prince, avec près de 500 000 habitants dans les années 1990, sur une superficie de 21 km². La plupart des maisons sont des taudis faits de blocs, cartons, de vieilles tôles ou autres matériaux de récupération. Dans chacune, on peut trouver une famille de plus de cinq personnes. La misère est à ciel ouvert. Les habitants manquent de tout. Les conditions socio sanitaires sont alarmantes : précarité en matière de santé, environnement physique malsain, amoncellement de détritus et de boue un peu partout, problème sérieux de lieux d’aisance, accès très limité à l’électricité, problème majeur d’approvisionnement en eau potable, absence d’infrastructures, services publics quasi inexistants.

            Les habitants de Cité soleil vivent au quotidien dans l’absence totale d’hygiène publique. Après chaque pluie, les conditions d’hygiène s’aggravent, l’eau de pluie ne s’écoule pas et inonde les différents quartiers puis forme des mares boueuses infectées de moustiques. La tuberculose fait des ravages dans les années 70-90 au sein de la population soléenne. Cité Soleil est victime de plusieurs grandes épidémies entre 2010 et 2020, le choléra, introduit par les casques bleus, en 2010, puis celles du Chikungunya et de Zika, provoquées par les piqûres de moustiques, enfin celle de la Covid 19 en 2020.

                   Conditions socio économiques

             La vie à Cité soleil est synonyme de misère. Les aliments sont chers, et le manque de pouvoir d’achat conditionne des familles dans une situation d’affamés. Le chômage est l’une des principales caractéristiques du statut social de la population de Cité Soleil. Même ceux qui travaillent ont de grande difficulté à se nourrir, parce que dans les industries d’assemblage ou autre emploi, ils gagnent un salaire dérisoire.

            Les habitants de Cité Soleil ou soléens et soléennes, souffrent de tous les maux de la pauvreté, tant sur le plan socio sanitaire que sur le plan socio économique. Ils sont démunis de presque tout. Ils ne sont pas tous des membres de gangs, des malfrats ou des parasites. Cette population se compose aussi de gens honnêtes mais acculés à la misère, il s’agit : « de petits besogneux, mais aussi des ouvriers, des femmes, des enfants, des adolescents, abandonnés par les pouvoirs publics et pris en otage par les bandes armées. L’insécurité alimentaire augmente à chaque instant.

            Cité Soleil reste à ce jour la zone la plus marginalisée du pays. Cité Soleil est la seule municipalité de Port au Prince sans deux écoles publiques fonctionnelles, sans banque, sans station-service, sans centre de jeunesse, sans école professionnelle, sans université. Elle reste à la merci des groupes armés toujours à la conquête de plus de quartiers.

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